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En savoir +Dernière mise à jour le 02 juillet 2024
Aymeric Souchet, agriculteur à Chuisnes, a été élu président de l’Association des irrigants d’Eure-et-Loir (AIEL) il y a quelques semaines. Il répond à nos questions sur l’état de la ressource en eau dans le département, mais aussi sur les enjeux qui gravitent autour de l’irrigation agricole, comme la mise aux normes des forages.
1) Que pouvez-vous dire de l’état de la ressource en eau en Eure-et-Loir en ce début de campagne d’irrigation ?
La recharge de l’ensemble des nappes du département s’est opérée dès le mois de février grâce aux conditions météorologiques pluvieuses de ces derniers mois. De quoi contrecarrer les projections plus pessimistes de la fin de campagne 2023 et nous permettre de fixer pour la nappe de Beauce un coefficient de 0,79. Depuis que cet indicateur a été arrêté, les pluies ont favorisé la poursuite de la remontée de la nappe ce qui est de bon augure pour les campagnes suivantes. Et même si nous avons une limitation des volumes avec ce coefficient de 0,79, nous sommes arrivés au mois de mai sans nécessité de démarrer l’irrigation. De fait, avec nos volumes nous devrions arriver à irriguer sans risquer d’handicaper nos productions. Concernant les irrigants rivière, les seuils de crise peuvent être rapidement atteints selon les conditions estivales. Par conséquent, une gestion quantitative n'étant pas possible, les cultures irriguées par la ressource en eau superficielle sont soumises à des restrictions pénalisantes difficilement prédictibles.
2) En quoi le pilotage de l’irrigation constitue-t-il un enjeu ?
Nous avons été confrontés à des hausses importantes des charges d’électricité ces derniers temps. Selon les secteurs, des renégociations de contrat ont été menées. Malgré tout, nous pouvons constater que l’électricité est un enjeu pour l’avenir de l’irrigation agricole. Pouvoir piloter les apports d’eau au plus près des besoins suscite l’intérêt. Nous avions d’ailleurs consacré l’une de nos dernières assemblées générales sur ce volet, avec une présentation de différents outils d’aide à la décision comme les sondes capacitives ou Net-Irrig. Personnellement je combine l’utilisation des sondes pour mesurer l’humidité du sol avec celle de Net-irrig. J’ai également monté un système sur pivot qui permet d’avoir une irrigation de précision grâce à la cartographie de la parcelle. Ça fonctionne un peu comme un pulvérisateur car il y a une électrovanne à chaque buse pour apporter la bonne dose d’eau au bon endroit.
3) En quoi la mise aux normes des forages constitue-t-elle un point de vigilance ?
La DDT a mené des opérations l’été dernier pour réaliser un état des lieux car il existe un cahier des charges sur les forages. Pour les nouveaux projets, les foreurs doivent également les prendre en compte. Les règles concernent la nécessité de prévoir un tube de forage à 50 cm au-dessus de la terre, une dalle de béton autour pour empêcher un éventuel ruissellement le long du tube, et un cadenas pour éviter les actes de malveillance. Pour les anciens forages enterrés, il y a donc un travail de mise aux normes pour faire sortir la tête de forage. Chaque forage doit avoir un numéro d’identification. Pour ces démarches, il est possible de se faire accompagner par la Chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir.
4) Quelles relations entretiennent l’AIEL et la Chambre d’agriculture ?
La Chambre d’agriculture propose un appui technique et informe des évolutions environnementales et réglementaires, notamment en cas de besoin de réaliser des études sur certains secteurs. Elle envoie les Irricartes ce qui apporte une information hebdomadaire relative à certaines données comme la météo ou les seuils critiques, qui permettent d’optimiser le déclenchement de l’irrigation. Nous travaillons en partenariat, et notamment avec l’Organisme unique dont le pilotage est effectué par la Chambre d’agriculture. L’AIEL est une association asyndicale dont les objectifs sont de représenter, de défendre et de soutenir les irrigants du département.
5) Quels défis doit relever l’irrigation agricole ?
L’irrigation est étroitement liée à des enjeux économiques. Pour certaines exploitations, elle s’apparente à une assurance récolte. Il y a également un intérêt agronomique, car la diversification des rotations permise par l’irrigation s’inscrit dans la gestion des problèmes de maladies et d’enherbement. Mais dans le contexte de changement climatique, on doit aussi prendre en compte les besoins des autres usagers de l’eau. En ce moment c’est ce qui se passe sur l’aquifère de la nappe de la craie, où une étude hydrogéologique vise à modéliser et estimer la ressource en eau de cette nappe. La conclusion est attendue pour 2026. Nous espérons qu’elle pourra permettre la satisfaction de nouvelles demandes de forage agricole grâce à une gestion volumétrique.