Interview // Comment lutter contre les graminées ?

Patricia Huet, quels types d’expérimentations sont menées à la Chambre d’agriculture sur le désherbage ?

Plusieurs formats d’expérimentation sont mis en place. Des essais microparcelles chez des agriculteurs pour tester l’efficacité et la sélectivité de programmes herbicide, pour travailler les retraits annoncés de matière active. Sur la ferme expérimentale de Miermaigne, nous travaillons à l’échelle de la parcelle en combinant un maximum de leviers agronomiques à disposition : diversification des cultures, date et mode de semis différenciés en céréales et sur la rotation, intégration du désherbage mécanique… cette dimension permet d’avoir une approche plus globale et surtout intégrer le volet économique.

Thomas Gaujard, vous êtes conseiller sur les secteurs du Perche et Faux Perche, quel est votre ressenti sur l’état du salissement des parcelles ?

Le constat est cinglant. les campagnes se succèdent et la plaine se salit de plus en plus. 2024 est sur mon secteur precheron une année record en broyage avant moisson de céréales infestées, ensilage vers méthaniseur ou pour les animaux an ces de présence d’élevage sur l’exploitation.

Le décalage de la date de semis des céréales dans les parcelles les plus sales est une pratique validée.

Thomas Gaujard, vous participez aussi à la mise en œuvre des essais de Miermaigne depuis leur démarrage. quels sont enseignements/résultats les plus emblématiques ? ont-ils été appropriés par vos agriculteurs?

Le décalage de la date de semis des céréales dans les parcelles les plus sales est une pratique validée. Mais, pour certains, elle n’est pas encore facile et psychologiquement à mettre en place. Les difficultés de semis de certains automnes restent en mémoire.

La succession des cultures et surtout l’apport des cultures estivales voir double cultures estivales (maïs) sur la maitrise des graminées est également reconnue comme efficace. Néanmoins, certaines sont délicates à mettre en place, faute de débouché robuste, et risquées économiquement.

Thomas Gaujard, comment travaillez-vous actuellement avec vos agriculteurs ?

Nous partons d’une situation dégradée (avant que toute la ferme y soit confrontée) pour élaborer sur plusieurs années un plan d’actions dans un objectif de maintien, pérennité économique de l’exploitation. Ce dernier est construit par l’agriculteur avec le matériel à disposition sur la ferme ou possiblement utilisable, en incluant des cultures estivales si c’est possible, le volet mécanique par l’alternance labour-non labour. L’objectif est de maitriser l’enherbement donc la productivité des cultures. C’est l’agriculteur qui reste aux manettes. Le changement s’opére si c’est l’agriculteur qui décide et non en lui imposant des leviers à mettre en œuvre.

Patricia Huet, pouvez vous nous citer quels seront les principaux thèmes développés cette année dans les différentes expérimentations ?

Dans les essais micro-parcelles en blé, nous testerons les herbicides à leur grammage encore disponibles dans les prochaines années et les nouveautés annoncées. L’intégration, en supplément, de la herse étrille sera testée si la météo le permet et bien que l’efficacité de ce levier soit très dépendante des conditions pédo-climatiques (faible humidité du sol, conditions séchantes…). Nous travaillerons aussi, comme le fait Thomas Gaujard, en binomage conseiller technique agriculteur qui souhaite restaurer le capital propreté de leurs parcelles en s’inspirant des expériences obtenues à Miermaigne.

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