Circuit court et vente directe
Dernière mise à jour le 13 février 2025
Sébastien Lucas est agriculteur a Gommerville sur une ferme de 80ha. En 2018, il décide de pousser la porte de la Chambre d’agriculture avec le projet de transformer le blé dur en pâtes sur sa ferme. 5 ans plus tard, il sort la nouvelle gamme de pâtes fraiches de Pasteole et nous fait part de son expérience.
En 2003, à 25 ans, j’ai pris la suite de ma mère qui avait en son temps repris la ferme de son père. C’est notre héritage familial. Enfant, je l’ai vu se démener pour garder l’exploitation et la maison de ses parents et cumuler avec un emploi en 3x8 pour compléter ses revenus. Mon but depuis le départ c’est de préserver la ferme familiale, ce patrimoine qui fait partie de mon histoire. Il arrive un moment où il faut faire des choix, même s’ils sont compliqués. J’avais une activité salariée confortable, j’étais jeune papa et j’ai repris la ferme en double actif. Il y a eu l’année 2016, la récolte a été catastrophique. Et c’est dans les moments difficiles qu’on décide de se remettre profondément en question, pas quand tout va bienC’est ainsi que j’ai pris le virage de la diversification. Je me suis lancé dans la production de pâtes et j’ai créé la marque Pasteole, une façon de valoriser mon blé dur tout en apportant une nouvelle source de revenus.
Cette diversification m’a permis de sécuriser les revenus de la ferme, d’être moins vulnérable aux aléas climatiques, mais aussi de me consacrer entièrement à mon activité agricole, puisque j'ai pu quitter mon autre emploi. Sans l’aide et le soutien de toute ma famille, rien n’aurait été possible. Ma femme travaille avec moi et nous venons de recruter une salariée. Me diversifier m’a permis non seulement de pérenniser mon exploitation mais aussi de me reconnecter à la terre d’une manière différente, plus créative et humaine.
L’une des principales contraintes, c’est le volume de travail supplémentaire et donc le temps de travail. Quand je me suis lancé dans la diversification, je pensais avoir bien anticipé, mais la réalité a été un peu différente. Le temps que demande la production de pâtes, surtout quand on veut tout faire de manière artisanale, est énorme. Il ne s’agit pas seulement de fabriquer les pâtes, mais aussi de gérer l’emballage, la distribution, la commercialisation, et toutes les démarches administratives qui vont avec. C’est un vrai travail à part entière.
Une autre contrainte importante est liée à l’adaptabilité. Quand tu diversifies, il faut aussi être flexible, apprendre à gérer des circuits de distribution différents, t’adapter aux demandes du marché et aux contraintes de production. Par exemple la logistique est un défi constant. La gestion des stocks et des livraisons est assez complexe. Il faut aussi veiller à la qualité des produits et respecter les normes sanitaires, ce qui impose une organisation rigoureuse. Cette nouvelle dimension de travail prend beaucoup de temps et d'énergie.
Travailler avec la restauration collective m'est apparu comme une solution intéressante dès le début. Au départ je pensais que ça représenterait 50% de mes ventes. En réalité ça n’a pas été le cas et ça a même remis en question ma projection financière. La restauration collective exige une organisation de transport et de stockage particulière. La demande en gros volume est parfois limitée et il m'est difficile de livrer des petites quantités sur plusieurs sites différents. Pour ce faire, j’ai trouvé une solution qui m’a permis de répondre à davantage de marchés publics : j’utilise la plateforme "Sur le champ !" qui facilite la gestion logistique, car elle permet d'optimiser les livraisons tout en réduisant les coûts.
Mais malgré ces difficultés, travailler avec la restauration collective pourra m’apporter une part de marché stable et prévisible. Et ça me rend fier de contribuer à promouvoir les produits locaux.
La Chambre d'agriculture m'a bien aidé, notamment à travers des conseils pratiques et financiers. Au début de mon projet, j’ai été accompagné par Aurélie (Toutain NDLR), qui m’a prodigué des conseils sur les étapes à suivre et m’a ouvert sur la gestion des risques, notamment celui de la masse de travail. Elle m'a aussi mis en contact avec des producteurs locaux, ce qui m’a permis de partager des expériences et de trouver des solutions à certains problèmes techniques. Maud (Evrard) m’a orienté vers des aides financières pour le développement de mon projet.
J’ai aussi eu des rendez-vous avec d'autres conseillers, comme Marie (Eon), qui anime la marque Terres d’Eure-et-Loir dont je suis adhérent.
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